p. 322 : « […] la tempête dessicative […] » (c’est peut-être correct, mais le choix de cet adjectif pas des plus commun me paraît quand même bien lourdingue…)
"the desiccating storm"
Ça fait un peu traduit au mot près, sans chercher quelque chose qui sonne bien en français.
p. 345 : « L’autre moitié a désinvesti l’uniforme impérial […] »
"The other half divested the Imperial uniform"
Il y avait surement moyen d'être moins lourd et surement plus correct en français. Désinvestir ça n'est pas vraiment synonyme de se débarrasser.
p. 346 : « […] ils auraient peut-être une chance de survivre à tout cela s’il demeurait avec eux. Telle était une responsabilité qu’il n’accueillait guère avec enthousiasme. » (C’est horriblement lourd, non ?)
"She must have thought for the first time in a long time that they stood a chance of surviving with him along. It was not a responsibility he welcomed."
La dernière phrase sonne mieux (pour moi) en anglais. C'est moins lourd et on doit pouvoir faire pareil en français.
p. 348 : « […] l’eau alourdie de sédiments se soulevait en de turgides tuméfactions qui semblaient réticentes à aller où que ce soit. » (Même chose, non ?)
"The surface of the sea resisted the shrieking wind, the silt-heavy water lifting in turgid swells that seemed reluctant to go anywhere."
C'est dommage de mettre du sédiment alors qu'on a un joli limon qu'on peut utiliser. Swell, ça pourrait juste être la houle au lieu d'improbables tuméfactions. Le petit truc rigolo, c'est turgid, qui peut se traduire par ampoulé.

p. 348 encore : « Le tambour résonnait, répondant au tonnerre sus-jacent en témoignant d’une patience mesurée et impavide. »
"The drum beat on, answering the thunder overhead with its measured, impervious patience."
Overhead c'est juste au-dessus, éventuellement aérien. Sus-jacent j'ai du regardé dans un dico : ça concerne des couches géologiques.
Et je ne sais pas pourquoi le tambour témoigne de quoi que ce soit en vf.
p. 354 : « Félisine se demanderait encore longtemps si elle avait seulement imaginé voir le T’lan Imass reprendre forme au moment de s’impacter au cœur de cette plaie. » (Désolé, ça m’impacte.)
"Felisin was never certain whether she only imagined seeing the T’lan Imass reassume his form upon striking the heart of that wound, a tiny, seemingly insignificant splayed figure that was quickly swallowed in the inky darkness."
Ce qui est amusant/agaçant ici, c'est de voir utiliser en français un anglicisme (impacter)... qui est absent de la VO. Quand on reprend un terme de l'anglais directement dans le français parce qu'on a la tête dans le guidon depuis trois heures, ça peut s'excuser (enfin on excuse le traducteur pas l'éditeur qui de toute façon ne devrait pas laisser passer ça). Quand on colle des anglicismes qui ne sont pas le calque de l'original, ça laisse curieux sur la maîtrise de la langue française par le traducteur.
p. 354 encore : « L’instant d’après, les rebords de la blessure semblèrent trémuler […] » (Admettons, mais, beurk, non ?)
"A moment later the wound’s edges seemed to flinch, faint waves rippling outward."
On pouvait peut-être s'éviter le verbe trémuler.
p. 358 : « […] un essieu de chariot réparé à maintes reprises mais finalement abandonné constituait un point de départ, le reste de la voiture ayant été démantelé et emporté pour servir de pièces détachées. » (Bon, je vois l’idée, mais…)
"an oft-repaired but finally abandoned wagon axle marked one departure point, the rest of the wagon dismantled and taken for spares."
Par moment, je comprends vraiment pourquoi j'aime bien lire directement en anglais. Là, c'est deux fois moins long et ça respire mieux.
p. 363 : « Par le souffle de Goule, maugréa l’Historien, va-t-on devoir pénétrer cette profusion humaine ? » (Euh…)
"‘Hood’s breath,’ the historian muttered, ‘are we going to have to walk through that?’"
Walk through se transforme en pénétrer et that en cette profusion humaine. Magnifique.

Je ne résiste pas à proposer un petit extrait d'une interview de l'éditeur à propos de l'ancienne traduction :
Celle proposée à l’époque ne jouait pas en faveur de l’œuvre, notamment par une complexité d’écriture qui n’avait pas lieu d’être et pouvait perdre le lecteur dans une saga déjà extrêmement riche
